Une peine d’amitié : conseils pour tourner la page

Une peine d’amitié : conseils pour tourner la page

Il me semble que c’était hier la dernière fois qu’on s’est parlé. Mais ça va faire bientôt deux ans que tu nous as quittés. C’est ton anniversaire qui s’en vient, et comme par réflexe, je pense à l’endroit où nous irons déjeuner ; du coup je me rappelle que tu n’y es plus. Le choc et la douleur vive du début s’estompent et laissent place à une certaine nostalgie ; à tous ces souvenirs, nos moments de rires, nos partages plus intimes, nos sorties de filles, ton sourire, ton écoute, ta douceur. Je savais que je pouvais compter sur toi et ça, c’est précieux. C’est une grosse perte. Je sais par expérience qu’on s’en remet. Mais vivre la perte et l’absence c’est quelque chose.

Perdre une amitié

 

On parle souvent de la souffrance associée à une peine d’amour, mais très peu face à une peine d’amitié.

Et pourtant, la douleur et les émotions associées au deuil sont semblables. C’est aussi difficile de faire le deuil de quelqu’un qui est vivant, que d’une personne décédée si on continue de la croiser au travail, dans la rue, entre amis, et qu’on ne cesse d’avoir de ses nouvelles (médias sociaux, amis communs).

Ce n’est pas la façon dont s’est terminé l’amitié, ni la durée de l’amitié, qui détermine le niveau de souffrance, mais bien l’investissement qu’on a mis sur la personne et la relation, bref, ce que l’on a donné de soi.

La relation peut se terminer à la suite d’un décès bien sûr, mais également de façon plus subtile comme après un déménagement, un malentendu, un rejet, ou encore, à la suite d’une décision personnelle, c’est-à-dire lorsqu’une des deux personnes choisit de prendre ses distances sans en informer l’autre ni tenter une quelconque discussion.

Étapes du deuil

 

Dans tous les cas, la personne qui vit la perte a un deuil à vivre. Plusieurs auteurs ont élaboré des étapes du deuil. Sans entrer dans les détails de toutes ces études, nous pouvons faire ressortir les principales étapes qui ne sont pas séquentielles ni compartimentées, en ce sens que des éléments peuvent se chevaucher et survenir dans des étapes pré et postérieures.

  • Le choc et le déni de la réalité ;
  • La colère et la révolte face à la situation (accompagné de sentiment de culpabilité : j’aurais donc dû, qu’est-ce que j’ai fait ou pas qui aurait pu changer la situation, etc.) ;
  • La tristesse et la déprime ;
  • L’acceptation et l’intégration.
  • Se donner du temps et des moyens pour guérir

 

Les gens qui vivent un deuil et qui cherchent des solutions se font souvent dire, à leur grand désarroi, que le temps va arranger les choses. En grande partie oui.

Le deuil prend du temps pour s’intégrer — jusqu’à deux ans — dépendamment de l’investissement de la perte. Cela peut être comparable à un casse-tête où plusieurs morceaux éparpillés nécessitent d’être mis au bon endroit pour y donner un sens.

Il arrive également que l’évènement ravive d’autres pertes du passé non résolues.

C’est alors une invitation à aller plus loin pour intégrer en soi la perte et faire le deuil, même de ceux non faits.

C’est aussi un bon moment pour regarder nos patterns relationnels qui se répètent ou notre façon d’être en relation, bref, ce que le vécu expérientiel remue en soi.

Écrire, parler, dessiner, peindre ou créer sont tous des moyens d’extérioriser les émotions associées. D’autres utiliseront le sport intense pour décharger leur colère.

Certains sentiments forts désagréables, qui nous placent dans un état de vulnérabilité tel l’impuissance, la rivalité et la honte, peuvent être ravivés. Ces sentiments nécessitent un support thérapeutique, c’est-à-dire d’être accompagné afin de s’en libérer.

Ressource

 

Le livre de Jean Montbourquette intitulé Grandir : aimer, perdre et grandir est un ouvrage incontournable qui en a accompagné plusieurs, et qui peut aussi aider à faire le deuil.

Voici quelques questions à se poser qui peuvent aider le processus de guérison :

  • Qu’est-ce que je comprends de cette perte ?
  • Qu’est-ce que cette relation m’a appris sur moi ou mon pattern relationnel ?
  • Qu’est-ce que la relation m’a apporté ?
  • Qu’est-ce que je veux garder en moi de cette personne et de la relation que j’ai eue ?
  • Sur quoi devrai-je faire attention une prochaine fois, dans une prochaine relation ?

 

Je termine avec une phrase entendue du défunt psychanalyste Guy Corneau : « Pour sortir d’un deuil, il faut y entrer ! »

Vivons les émotions qui doivent se vivre et ainsi investir à nouveau.



Nathalie Parent Psychologue