Comment maintenir de bonnes relations malgré les divergences d’opinions liées à la COVID

Maintenir une bonne communication malgré la COVID_Propos de Nathalie Parent, psychologue

Comment maintenir de bonnes relations malgré les divergences d’opinions liées à la COVID

Vacciné par opposition à non-vacciné ; pour ou contre le port du masque : la COVID-19 crée des tensions et des divergences d’opinions. Comment gérer la bisbille qui pointe à l’horizon et arriver à maintenir des relations familiales et amicales harmonieuses malgré des points de vue différents? Voici quelques pistes de solutions avec la psychologue Nathalie Parent.

Essayer de comprendre l’autre plutôt que le condamner

 

La dissension que provoque la crise sanitaire est très viscérale. Elle s’appuie souvent sur nos valeurs, nos choix de vie, l’information que l’on consomme à ce chapitre, bref c’est un sujet sensible qui devient très vite émotif.

Quelqu’un qui n’a pas envie de se fait vacciner, mais qui le fait par altruisme pour protéger les autres peut avoir beaucoup de mal à concevoir qu’un ami ou un proche ne partage pas cette valeur importante à ses yeux.

Mais ce n’est pas une raison pour insister ou pour essayer de convaincre affirme Nathalie Parent.
La psychologue insiste sur l’importance d’essayer de comprendre les motivations profondes d’une personne qui ne partage pas notre point de vue sur la vaccination ou le port du masque par exemple.

« Vous pourriez être surpris des réponses. Parfois, c’est une question de personnalité ou une peur plus profonde qui ne se raisonne pas. Certains ont vécu une mauvaise expérience avec la première dose ou par rapport à un vaccin antérieur. Il y en a même qui ont vécu des traumatismes qui ont entraîné du rejet dans l’enfance, et bien inconsciemment, ils répètent le “pattern” du rejet. C’est très profond. »

Il y a aussi la fragilité psychologique qui entre en ligne de compte.

« Certaines personnes ne peuvent pas vivre avec l’idée qu’on leur injecte une dose de vaccin. Ils vivent ça presque comme un viol ; une intrusion. D’autres sont figés par la peur. Face à la menace, le cerveau réagit de trois façons : il attaque (par exemple aller se faire vacciner), il fuit (par exemple se retirer et refuser le vaccin) ou il fige (par exemple adopter le statut quo et attendre avant de prendre une décision). »

Mettre l’accent sur la communication

 

Il faut essayer de communiquer, mais en nuançant nos propos au risque de rebuter l’autre.

« Des propos trop directs et trop francs peuvent mettre fin à une relation. Il faut en être conscient et choisir ce qu’on veut faire de la relation : la maintenir en faisant preuve de bienveillance et d’empathie ou prendre ses distances. Il ne faut pas accuser l’autre. Il faut éviter de parler sous le coup de l’émotion, et surtout il ne faut pas mettre la faute sur l’autre ou chercher à convaincre. »

La psychologue insiste sur l’importance de ne pas chercher un coupable.

« L’humain est ainsi fait. Lorsqu’une situation dépasse l’entendement, on a tendance à faire porter la faute sur quelqu’un. Dans ce cas-ci, ce n’est pas une bonne idée. C’est très contre-productif. »

Il faut encourager le dialogue en cherchant réellement à comprendre le point de vue de l’autre. Si la discussion est impossible, on peut y aller avec une phrase comme :

« J’entends ton point de vue. Il y a différents points de vue. Est-ce qu’on peut parler d’autres choses? »

Tirer des leçons d’une dispute

 

« Lorsqu’un conflit survient, il faut se demander : qu’est-ce que ça m’apprend sur moi-même? Vous pourriez par exemple réaliser que vous auriez intérêt à accepter la différence ou encore à être moins direct dans vos propos ».

Vous pouvez aussi en profiter pour faire le point sur la relation qui pose un problème en vous demandant si la relation vaut la peine, pas la personne, mais la relation.

« À l’exclusion d’une relation où il y a de l’abus, je considère qu’il est toujours préférable de maintenir un lien avec un ami ou un proche même s’ils ne partagent pas les mêmes opinions. Mettre un terme à une relation est une stratégie de dernier recours puisque les conflits nous permettent d’avancer et de comprendre des éléments de nous en relation. »

S’il n’est pas possible de s’entendre en raison de la radicalisation des points de vue, la psychologue recommande de prendre ses distances un certain temps.

« Les tensions créées par la COVID-19 peuvent réactiver des conflits non réglés dans les familles qui parfois remontent à l’enfance ou des conflits en amitié. Mieux vaut donc prendre ses distances si la relation mérite une deuxième chance. On attend que la pandémie disparaisse ; que le discours devienne moins émotif ou on en parle à quelqu’un de neutre pour voir plus clair dans la situation comme un psychologue », de conclure Nathalie Parent, psychologue.

En terminant, essayons de se rappeler que nous sommes tous pris dans cette situation que personne n’a voulue. Chacun à sa façon bien personnelle et différente de réagir face à une menace. Mieux vaut donc chercher à s’unir plutôt que se diviser.

 

Entretien avec Nathalie Parent, psychologue

Propos recueillis par Marie-Claude Veillette



Nathalie Parent Psychologue