Si on passait du FOMO au JOMO ?

Si on passait du FOMO au JOMO ?

Avez-vous déjà eu le sentiment de rater quelque chose, que ce soit un appel, un texto, une nouvelle, un événement ou une soirée ? Dans le monde numérique dans lequel nous vivons, la réponse est probablement oui ! Très insidieux comme phénomène, le FOMO (pour Fear of Missing Out) est la peur de manquer quelque chose, et qui nous pousse à rester connecté en quasi-permanence. En réaction, s’est développé le JOMO (pour Joy of Missing Out), soit le « plaisir de manquer quelque chose ». Et vous, quel camp choisirez-vous après avoir lu cet article ?

FOMO ou la « peur de rater quelque chose »

 

Souvent en lien avec l’hyper connectivité (mais pas forcément), le phénomène FOMO se traduit par le besoin de ne rien manquer, de tout savoir et de tout voir.

Mais cette exposition constante à tout ce qui se passe dans le monde virtuel, et à ce que l’on voit sur les réseaux sociaux, peut avoir un impact sur notre santé psychologique et notre bien-être général.

Par exemple, certaines personnes peuvent avoir l’impression de passer à côté de leur vie, d’avoir gâché leur fin de semaine ou même leurs vacances parce qu’elles n’ont rien fait de spécial ou qu’elles n’ont pas de « wow » à raconter ou à publier sur les réseaux sociaux.

Nathalie Parent, psychologue rappelle qu’on n’est pas obligé de faire quelque chose d’extraordinaire parce que le voisin lui l’a fait, que ce soit au quotidien, les week-ends, durant la semaine de relâche ou les vacances estivales !

« Les médias sociaux nous donnent une vitrine sur la vie privée des gens, et parfois, ce qu’on y voit peut-être confrontant et apporter son lot de questions anxiogènes comme : Pourquoi est-ce que je n’ai pas autant d’amis qu’un tel ou une telle, une vie sociale ou professionnelle aussi excitante, des invitations à des soirées ou à participer à des activités ? Pourquoi est-ce que les gens que je suis sur les réseaux sociaux semblent avoir une vie palpitante, alors que la mienne est ordinaire ? », affirme Nathalie Parent.

Avant l’arrivée de Facebook, Instagram et autres plateformes numériques, nous n’étions pas toujours au courant de ce que notre entourage avait fait de son week-end, des destinations vacances visitées par nos connaissances ou des activités et sorties de nos amis.

Le sentiment d’avoir un statut social inférieur peut donc amener un lot de questions irrationnelles, telles que : Peut-être que mes priorités ne sont pas à la bonne place ? Est-ce que c’est parce que je ne fais pas assez d’effort ou que je ne consacre pas assez de temps à mes relations ? Est-ce que c’est parce que je ne suis pas de bonne compagnie, assez drôle ou intéressant(e) ?

À ces affirmations, la psychologue répond : « Nous sommes laissés à nous-mêmes dans nos interprétations. Ce que l’on perçoit sur les réseaux sociaux, c’est une image. La personne qui publie un moment qui semble fabuleux ne précise pas ce qu’elle a fait avant. Elle vit probablement la même chose que vous. Les gens partagent des images et des moments qui suscitent l’envie. On ne voit qu’une parcelle de ce qui se passe réellement. Il faut se ramener à soi et se dire : moi je vis autre chose et quel est mon besoin présentement ? Calme, plaisir, action, solitude ? Par exemple, je peux choisir de refuser une invitation pourtant très intéressante pour rester tranquille à la maison parce que mon corps en a besoin. Ou encore l’inverse. »

Découvrir le plaisir de manquer

 

Et si on essayait d’aller aux antipodes du FOMO et d’appliquer les préceptes du JOMO qui incitent à réduire notre utilisation des ordinateurs/tablettes/téléphones intelligents pour se ressourcer ?

Nathalie Parent, psychologue nous invite à réfléchir au fait que de nos jours, on ne renonce plus à rien. Comme nous vivons dans une ère où tout est possible, et que tout est accessible, eh bien, on veut tout !

« On n’arrive plus à renoncer ; à faire des deuils. Je pense qu’il serait salutaire d’être dans le plaisir de manquer quelque chose, et peut-être de découvrir autre chose, plutôt que de se comparer et de craindre de passer à côté de quelque chose. Bref, se ramener à soi, s’arrêter et évaluer toutes les possibilités. Accepter de renoncer à certaines opportunités pour en choisir une, deux ou trois qui nous conviennent et qui nous feront du bien ! »

La psychologue précise que même si les choix que vous allez décider de faire n’ont rien d’excitant socialement, vous serez dans le plaisir d’avoir choisi votre propre trajectoire.

« On pourrait prendre l’image du bateau de croisière et se demander ce que l’on veut faire : choisir de se laisser guider par le capitaine (réseaux sociaux) — et visiter des endroits qui ne nous tentent pas — ou prendre la barre et choisir où nous voulons aller et explorer ce qui fait vraiment envie, bref, passer du FOMO au JOMO. »

En conclusion, il est vrai que c’est difficile de réduire le bruit numérique qui nous poursuit partout, mais on peut essayer de se discipliner en étant connecté sur nos besoins (et pas sur nos téléphones!), et choisir par exemple de stopper les notifications, mettre nos appareils hors de portée à certains moments de la journée, fermer la sonnerie du téléphone pour éviter les dérangements constants ou activer les modes Ne pas déranger ou Personnel pour décider qui peut nous joindre et quand.

Sur ce, bonne réflexion !

Article écrit par Marie-Claude Veillette en collaboration avec Nathalie Parent, psychologue

 



Nathalie Parent Psychologue