Mensonge et blessure de trahison : qu’en est-il ?

Mensonge et blessure de trahison : qu’en est-il ?

Beaucoup d’adultes sont blessés par le mensonge. Pour ceux qui portent en eux la blessure de trahison, il peut être difficile de faire la part des choses. Ils peuvent percevoir que leurs enfants leur mentent ou que leur partenaire leur cache quelque chose. Ils peuvent douter de la sincérité d’un ami ou être méfiants au bureau. Mais qu’en est-il exactement ? Comment départager les impressions du véritable mensonge ? On en discute avec Nathalie Parent, psychologue

Entre faits observables et perceptions subjectives

 

La personne qui souffre d’une blessure de trahison a beaucoup de difficulté à différencier le véritable mensonge de ce qu’elle soupçonne être un mensonge, que ce soit avec ses enfants, en couple, en amitié et dans la vie en général. Sa peur d’être trahie ou manipulée l’empêche d’être objective et la pousse à vouloir contrôler les autres.

« Je pense qu’il est important de parler du mensonge chez l’enfant. Les enfants ne mentent pas de façon malveillante. Ils le font bien souvent pour se protéger de représailles ou pour exercer leur imagination et leur créativité. Il s’agit d’une phase normale de leur développement », précise Nathalie Parent, psychologue.

En couple, la personne qui porte la blessure de trahison peut avoir du mal à s’engager, à faire confiance et à tolérer le mensonge.

« Ça peut amener la personne à être méfiante et à soupçonner son partenaire de lui cacher quelque chose ou de lui mentir. Elle pourrait par exemple se demander si son partenaire boit en cachette ou s’il entretient une relation avec une autre femme par exemple. »

La psychologue rappelle que dans une dynamique de couple, la notion de mensonge est variable en fonction des blessures que chacun porte en soi.

« En couple, il faut être conscient que l’autre porte aussi en lui certaines blessures qui peuvent le pousser à mentir de façon défensive, par peur de blesser l’autre, de le perdre, de le décevoir ou de subir ses foudres. Prenons l’exemple d’une personne qui aurait vécu beaucoup d’oppression de la part de ses parents. Elle pourrait craindre de dire la vérité à son partenaire de peur de le mettre en colère », explique Nathalie Parent.

Comment se développe la blessure de trahison ?

 

La blessure de trahison fait partie des blessures émotionnelles au même titre que le rejet, l’abandon, l’humiliation et l’injustice.

Elle peut être éveillée dans l’enfance si l’enfant s’est senti trahi ou manipulé par ses parents ou si on lui a menti. Et même à travers des non-dits ou des tabous familiaux.

« On voit ça dans plusieurs familles. Des parents qui ne disent pas les vraies affaires. Un exemple banal pourrait être un parent qui dit à son enfant qu’il ne s’en va pas pour éviter de le faire pleurer, mais qui part en cachette de la garderie. Pour l’enfant, c’est vécu comme une mini trahison qui entraîne une difficulté à faire confiance », précise Nathalie Parent.

Elle peut aussi être provoquée par de premières expériences négatives vécues à l’adolescence, avec des amis ou un premier amour de tromperie.

Apprendre à faire confiance

 

La personne souffrant de la blessure de trahison a beaucoup de difficulté à faire confiance aux autres. Elle aura tendance à penser que les autres sont faux et à soupçonner les gens de son entourage de lui mentir sciemment ou par omission.

« Il y a une véritable souffrance. La personne se demande si ce qu’elle perçoit est la vérité ou si c’est elle qui amplifie la situation », précise la psychologue qui y va de quelques conseils pour sortir de cette spirale.

  1. Se fier au non verbal, aux faits et aux gestes : avant de partir dans des scénarios, tenter de repérer les faits observables. Comme le dit l’adage : « est-ce que les babines suivent les bottines ? » 
  2. Explorer son vécu : voir s’il y a quelque chose qui se répète dans notre histoire (tromperie, mensonge, etc.) et travailler sur ses traumas ou sur une blessure de trahison.
  3. Ne pas tout dire : accepter qu’il soit sain de ne pas dire toute la vérité. L’honnêteté est importante pour la confiance, mais nous avons tous droit à un jardin secret, une partie intime et personnelle à soi.

 

En conclusion, à force de travail, il est possible d’apprendre à faire confiance sans exercer son contrôle absolu sur l’autre pour une meilleure estime de soi et de meilleures relations personnelles, amoureuses et professionnelles. En cas de besoin, il peut être judicieux d’être accompagné par un professionnel de la santé.

….

Article rédigé par Marie-Claude Veillette en collaboration avec Nathalie Parent, psychologue, auteure et conférencière. Tous droits réservés. Aucune reproduction sans l’autorisation écrite de l’auteure.



Nathalie Parent Psychologue