
08 Jan L’errance psychique du jeune adulte en recherche d’un foyer relationnel
La fin du secondaire marque souvent une période charnière de transition, d’exploration, et parfois de confusion profonde. Les questions de carrière, de choix de vie et d’indépendance financière apportent leur lot d’incertitudes et de peur face à l’avenir. Cet état de confusion psychique, de solitude émotionnelle et de recherche identitaire dans lequel le jeune se sent perdu, sans repères clairs, est ce que je nomme ici l’errance psychique. Elle peut être marquée par des questionnements profonds, des doutes, et une difficulté à trouver un sens ou une direction dans la vie.
Chercher à quitter le nid familial ouvre une autre dimension plus intime
La quête d’un foyer relationnel, d’une appartenance affective stable et authentique. Pour de nombreux jeunes adultes, cette quête devient un parcours semé d’expériences blessantes, d’espoirs déçus, de désillusions et remises en question. Ce passage peut être fort difficile pour les parents, témoins impuissants de cette errance.
Dès l’adolescence, la question du couple et des relations sociales prend une place centrale dans la construction identitaire. Cependant, de la fin du secondaire au début de la vingtaine, les attentes sociales et personnelles changent considérablement. Loin des amours adolescents souvent passagers ou idéalisés, le jeune adulte aspire à une relation plus stable, capable de nourrir à la fois son besoin d’attachement et sa soif d’indépendance. Cette quête crée souvent des tensions internes et une souffrance psychique susceptible exprimées par différents symptômes : anxiété, états dépressifs, troubles du sommeil, recherche de perfection corporelle, de contrôle alimentaire, de surentrainement pouvant occasionner des blessures, comportements à risque, etc.
L’errance psychique se manifeste souvent par une forme de flottement émotionnel
Le jeune adulte oscille entre phases intenses de recherche et moments de retrait volontaire ou involontaire. Ce processus peut être exacerbé par l’évolution des relations sociales dans le monde moderne. Les réseaux sociaux, les applications de rencontres et la consommation rapide des interactions affectives présentent un sentiment d’impermanence. Il devient difficile de s’ancrer dans une relation profonde, car la possibilité de trouver « mieux » est toujours à portée de clic. C’est ce qu’on appelle le syndrome FOMO pour pour « fear of missing out ».
Cette quête d’un foyer relationnel ne se limite pas uniquement au couple. Elle s’applique aussi à la recherche d’un réseau d’amitiés sincères, d’une communauté avec qui partager ses valeurs et ses aspirations. Le sentiment de solitude, bien qu’entouré de nombreuses interactions sociales, peut devenir accablant pour certains jeunes adultes. L’errance devient alors une quête non seulement d’amour, mais aussi d’acceptation, de reconnaissance et de validation.
D’un point de vue psychologique, le manque de repères affectifs solides peut conduire à une remise en question constante de sa propre valeur et de sa capacité à être aimé. De plus, le jeune adulte, en quête de stabilité émotionnelle, peut parfois se perdre dans des relations toxiques ou superficielles, cherchant désespérément à combler ce vide intérieur.
Cependant, cette phase d’errance s’avère aussi être une période de croissance et de découverte de soi. En expérimentant différentes relations, et en prenant le temps de comprendre ses propres besoins, le jeune adulte apprend à mieux cerner ce qu’il attend réellement d’un foyer relationnel (amis et amours). Cette introspection lui permet de sortir de l’errance, non pas par une solution immédiate, mais par une compréhension plus profonde de soi en relation.
En attendant que cette étape se termine, les parents peuvent soutenir le jeune adulte de plusieurs façons
Les parents peuvent lui exprimer qu’il compte pour eux, que ce soit à travers des paroles, des messages (écrits, vocaux ou texte) ou en démontrant un intérêt sincère pour ce qu’il vit et ressent, tout en respectant son besoin d’intimité, qui varie selon chacun. Il est également essentiel de lui témoigner de la confiance dans ses capacités à rebondir et à surmonter les épreuves. Les parents doivent se rappeler, et lui rappeler que cette période de transition est à la fois normale et constructive. Enfin, ils peuvent mettre en lumière ses forces et rappeler les défis qu’il a déjà réussi à surmonter, renforçant ainsi son estime et sa confiance en lui.
En conclusion, l’errance psychique du jeune adulte en quête d’un foyer relationnel est une étape complexe, mais nécessaire dans la construction de l’identité adulte. Entre désillusions et espoirs, cette quête reflète une recherche d’équilibre entre attachement et liberté, entre acceptation de soi et ouverture à l’autre. Au bout de ce chemin se trouve souvent une version plus mature et équilibrée de soi-même ; une version plus assumée capable de créer des liens authentiques !
Article rédigé par Nathalie Parents, psychologue, auteure et conférencière. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteure.