Marie, jeune m\u00e8re de famille, arrive en consultation envahie par son anxi\u00e9t\u00e9 qui recommence\u2026 eh oui, elle n\u2019en est pas \u00e0 sa premi\u00e8re crise ni \u00e0 son premier psychologue\u2009! Mais l\u00e0, elle a envie de se d\u00e9partir de son TAG (Trouble d\u2019Anxi\u00e9t\u00e9 G\u00e9n\u00e9ralis\u00e9) diagnostiqu\u00e9 alors qu\u2019elle \u00e9taitjeune adulte, sans prendre de m\u00e9dication. Je l\u2019\u00e9coute me raconter son histoire\u2009; le d\u00e9but de son anxi\u00e9t\u00e9 qui remonte \u00e0 son enfance, ses parents, ses relations amoureuses, l\u2019\u00e9l\u00e9ment d\u00e9clencheur de ses crises, les traitements, ce qui l\u2019a aid\u00e9e, ses besoins et attentes actuelles.<\/p>\n
Comme elle poss\u00e8de beaucoup d\u2019outils et de trucs pour g\u00e9rer son anxi\u00e9t\u00e9 gr\u00e2ce \u00e0 ses th\u00e9rapies pr\u00e9c\u00e9dentes, je lui propose de faire \u00ab\u2009diff\u00e9rent\u2009\u00bb cette fois-ci. Marie s\u2019\u00e9tonne et se montre curieuse, malgr\u00e9 son besoin de \u00ab\u2009contr\u00f4ler\u2009\u00bb ce qui se passe en elle, ses pens\u00e9es, ses \u00e9motions. Je lui explique le d\u00e9roulement des s\u00e9ances, pr\u00e9cisant que nous allons nous donner du temps pour voir si elle est confortable avec ce que je lui propose et si elle est \u00e0 l\u2019aise avec moi. Notre objectif premier : aller explorer son anxi\u00e9t\u00e9, comme nous le ferions au cours d\u2019un voyage pour d\u00e9couvrir de nouveaux horizons.<\/p>\n
Au fil des rencontres, nous d\u00e9couvrons que son anxi\u00e9t\u00e9 semble li\u00e9e \u00e0 ses relations avec les autres et \u00e0 sa difficult\u00e9 d\u2019\u00eatre en contact avec certaines \u00e9motions. Lors des moments d\u2019anxi\u00e9t\u00e9, il semble y avoir en elle une petite fille qui crie pour \u00eatre entendue dans son besoin et surtout ne plus \u00eatre la personne \u00ab\u2009raisonnable\u2009\u00bb qu\u2019elle a toujours d\u00fb \u00eatre. \u00c0 travers ce long processus, Marie a travaill\u00e9 fort pour apprivoiser ce que son anxi\u00e9t\u00e9 lui disait et supporter les moments d\u2019inconfort li\u00e9s \u00e0 cet \u00e9tat. Le fait de se laisser aller pour \u00ab\u2009entrer\u2009\u00bb dans ces moments d\u2019inconfort lui a permis de d\u00e9couvrir les forces en elle en lien avec cette anxi\u00e9t\u00e9. Pour Marie, il devenait n\u00e9cessaire d\u2019\u00eatre \u00e0 l\u2019\u00e9coute de ses besoins, ses d\u00e9sirs et mettre les limites confortables \u00e0 son bien-\u00eatre.<\/p>\n
La psychoth\u00e9rapie n\u2019est pas magique et ne donne pas de solutions miraculeuses. Personne ne peut d\u00e9tenir LA solution \u00e0 votre difficult\u00e9. La r\u00e9ponse se trouve en vous, mais parfois, il faut un phare pour \u00e9clairer le chemin \u00e0 prendre pour la trouver. C\u2019est ce que propose une psychoth\u00e9rapie qui peut s\u2019av\u00e9rer parfois longue et ardue, mais n\u00e9cessaire pour donner le temps au cerveau de d\u00e9velopper de nouvelles connexions\u2009; un autre circuit que celui de la peur d\u00e9velopp\u00e9e par les ann\u00e9es d\u2019anxi\u00e9t\u00e9. Un peu comme l\u2019apprentissage d\u2019un sport ou d\u2019un instrument de musique : l\u2019athl\u00e8te olympique ou le musicien chevronn\u00e9 ne s\u2019est pas construit en un jour. Il lui a fallu r\u00e9p\u00e9ter et r\u00e9p\u00e9ter certains mouvements pour que se forme une activit\u00e9 r\u00e9flexe au cerveau. C\u2019est la m\u00eame chose pour l\u2019anxi\u00e9t\u00e9 avec ses comportements d\u00e9velopp\u00e9s (fuite, d\u00e9valorisation, etc.), ses pens\u00e9es intrusives et souvent catastrophiques et les sentiments associ\u00e9s (dont l\u2019impuissance).<\/p>\n
Nous savons, gr\u00e2ce aux \u00e9tudes sur l\u2019effet placebo, que les meilleures chances de r\u00e9ussite d\u2019un traitement passent par la relation th\u00e9rapeutique\u2009; une relation de confiance, une bonne alliance, ainsi que la confiance envers le processus de changement. Le sentiment d\u2019avoir un certain pouvoir sur sa gu\u00e9rison est un autre \u00e9l\u00e9ment qui aide \u00e0 diminuer l\u2019anxi\u00e9t\u00e9 et favoriser la gu\u00e9rison. Si le th\u00e9rapeute se place dans la position de celui qui sait tout et qui trouve les solutions pour la personne, il d\u00e9tient le pouvoir, qui n\u2019est pas souhaitable en psychoth\u00e9rapie. Le pouvoir doit revenir au patient, qui gr\u00e2ce \u00e0 un accompagnement, trouvera SES propres solutions.<\/p>\n
Dans l\u2019histoire de cas pr\u00e9sent\u00e9 au d\u00e9but de ce texte, Marie d\u00e9couvre des \u00e9l\u00e9ments de son anxi\u00e9t\u00e9, de son histoire, de ses caract\u00e9ristiques personnelles et relationnelles, et d\u00e9veloppe par le fait m\u00eame le sentiment qu\u2019elle est capable de la surmonter. Elle n\u2019aurait pas pu faire ce cheminement sans ce sympt\u00f4me d\u2019anxi\u00e9t\u00e9.<\/p>\n
J\u2019aurais pu parler de Jean-Pierre, de Louise ou de Paul et chacun aurait un parcours avec un processus de gu\u00e9rison diff\u00e9rent. Chaque personne poss\u00e8de un v\u00e9cu qui lui est propre, avec ses souffrances, ses m\u00e9canismes d\u2019adaptation, ses \u00ab\u2009patterns\u2009\u00bb relationnels et \u00e9motionnels, ainsi que ses besoins personnels.<\/p>\n
Une chose semble universelle chez tous les \u00eatres humains, soit le besoin d\u2019\u00eatre entendu et reconnu comme sujet \u00e0 part enti\u00e8re\u2009; besoin auquel le psychoth\u00e9rapeute cherche \u00e0 r\u00e9pondre en th\u00e9rapie. C\u2019est dans cette rencontre unique avec le th\u00e9rapeute et avec soi-m\u00eame que le patient1pris par son anxi\u00e9t\u00e9 devient peu \u00e0 peu sujet et t\u00e9moin de sa souffrance. Un peu comme une histoire projet\u00e9e sur un \u00e9cran devant soi pour en faire sienne.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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